Huatulco-Cuernavaca-Taxco: semaine sainte en famille

Publié le par kristel lodewijk

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Le Mexique a sorti ses plus beaux atours pour accueillir Stephanie et Vincent lors de leurs deux semaines de vacances.


Arrivés le jeudi 2 Avril, ils n’ont pas mi longtemps à décider de ce qu’ils allaient faire : plage. Le Entrega, d’abord, avec ses poissons, et le lendemain la Bocana, la belle plage sauvage où on s’est baignés dans la lagune transparente qui se jette dans la mer. Poisson grillé, soleil, chaleur et pélicans...


Le lendemain étant un dimanche, on est partis à la Ventanilla, l’élevage de crocodiles (voir Laurence et David ). Emotions fortes puisque nous avons eu la chance de voir de TRES TRES près « el Lomo Verde », (rebaptisé par nous le Borgne, pour son oeil crevé sûrement lors d’une bataille entre crocos belliqueux) le plus grand des crocodiles, le plus vieux aussi. Pres de 4 metres de long, on ne faisait pas nos malins quand il s’est approché de la petite barque... Puis on a traversé la mangrove pour escalader les branches, ça paraît périlleux mais la mangrove c’est du solide, ils s’en servent pour construire leurs maison. On apprend que les racines de mangroves sont un peu les poubelles de la lagune, et qu’elles ont su s’adapter à la pollution modernisée, puisqu’elles absorbent tout ce qui n’est pas bon pour l’eau (parasites, bactéries, algues, et même... liquide vaisselle ou lessive!!!) Faut-il s’en féliciter ou en pleurer... ?


Puis le dimanche, on est partis pour Cuernavaca (la capitale de l’Etat de Morelos, patrie de Zapata, à 2 heures au sud de Mexico), où un ami (et collègue) nous avait invités : José Marìa, Che Ma ou Pepe pour les intimes, une perle qui nous sauve de la morosité balnéaire de la station Huatulco. Espagnol, docteur en philosophie, spécialiste du tourisme spacial, passionné d’environnement, à la fois timide et à l’humour corrosif, avec ce petit cheveu sur la langue qui vous fait renouer avec l’espagnol de Castille. Sa femme Pili, toute petite femme fragile et douce, attendrissante et généreuse, est de Cuernavaca.


Passage obligé chez les parents de Pili (95 et 85 ans, des forces de la nature dans ce pays où les conditions de soins et d’hygiene sont catastrophiques...) et sa soeur Marcia. On aura droit à un dîner fait de poulet au mole (une sauce noire, préparée à base d’épices et de cacao... hum...) un petit déjeuner de gorditas (des galettes de maïs épaisses, recouvertes de tomate, fromage, et crème aigre). On mettra même la main à la pate sur une suggestion de Che Ma, avant de se faire gentillement virer de la cuisine, parce que la maman de Pili ne s’y retrouve pas !

 
Cuernavaca est une ville immense (plus d’un million d’habitants) avec son centre historique type colonial très animé, ses petites rues pavées et son intense activité culturelle, artistique et universitaire, autant dire que ça change de Huatulco. Ma foi, le tout accompagné d’un bol de gaz carbonique, d’une marée humaine, et d’une chaleur sèche à vous éccorcher le nez, ça fait un de ces bien !!!


Et puis on a aussi visité le village de Tepoztlan, un « pueblo màgico », comme ils disent. « Pueblo Màgico » c’est une appellation décernée par le ministère du tourisme mexicain aux villages et petites villes qui réunissent le plus de critères pour représenter la culture, architecture, tradition, gastronomie mexicaines. Il n’y en a que 36 dans le pays. On peut donc se l’imaginer, Tepoztlan est un village magnifique, entouré de montagnes aux formes arrondies (et parfois suggestives). Au sommet de l’une d’elle se dresse une pyramide aztèque, d’où les prêtres effectuaient des sacrifices (humains ou d’animaux, les théories se contredisent...).


Une heure de montée, en pleine chaleur (ô bonheur de retrouver cette sensation de mollets qui tirent...) et on se fait une petite pause bien méritée sur le temple, contemplant la vue qui s’étale devant nous : les montagnes, le village tout petit, et Pepe et Pili qui nous attendent en bas devant une glace.

 
Le reste du village composé de rues commerçantes colorées et d’un grand marché couvert sera de la rigolage pour nous après cette rando. On goûte aux spécialités locales dont j’ai oublié le nom : des galettes de maïs épaisses, coupées en 2 et fourrées de ce qu’on veut, fromage, poulet, maïs, poivrons... Trop bon.


Les ruines aztèques de Xochicalco nous accueillent aussi, le lendemain.










Inscrites au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO, elles se trouvent au sommet d’une petite montagne, sèche, jaunie, craquante.











Des ruines refaites, car la plupart des pièces importantes a été déplacée dans les musées anthropologiques du pays. On y déambule quelques heures sous un soleil de plomb, et une chaleur paralysante. Le Serpent à Plume vaut bien une insolation !


Et puis on aura aussi mérité notre poisson grillé sur la terrasse d’un resto du joli lac de Tequesquitengo, à 20 minutes des ruines. Et puis on repart avec la petite voiture de location, qui tient le choc face aux dizaines de « topes » (les dos d’âne) qui animent la route.


Etape suivante : Taxco (Guerrero). Semaine Sainte oblige, on ne pouvait pas passer à côté des célébrations mexicaines. Surtout qu’on dit que Taxco est l’une des villes du Mexique où la tradition est la plus ancrée.


Taxco est une ville magnifique. Sur un flanc de montagne, d’architecture coloniale et montagnarde, peuplée de coccinelles de toutes les couleurs, des dizaines de terrasses à la vue plongeante sur la vallée et sur la cathédrale du Zocalo. Un climat agréable, chaud au soleil et doux à l’ombre, une petite brise fraiche, le décor est planté.
 

On avait bien commencé à échauffer nos mollets à Tepoztlan, ils nous serviront d’autant plus à Taxco. La ville de l’argent ne se laisse pas fouler si facilement. Les rues étroites montent à 60 degrés au moins, mais ça vaut le coup. On s’arrête évidemment dans toutes les boutiques d’argent, de souvenirs (ça nous fait des petites pauses au frais en même temps).

Plus tard, on se prend des verres dans le café Borda, idéalement placé au premier étage d’un bâtiment situé en face de la cathédrale si en vue...


Un plaisir de passer une heure à regarder les gens s’activer pour la fête du soir : les vendeurs de masques, croix, chewing-gums, souvenirs, les anges tenant fièrement la main de leurs parents, les fervents catholiques qui se pressent dans la cathédrale, devant les mannequins de Jésus et toute la clique.

 
Quand la nuit tombe, on mange un morceau et on s’apprête à admirer le défilé. On ne sait pas trop ce qui nous attend, on m’a parlé de flagellation et de femmes qui marchent pieds nus, mais rien de bien précis.


En fait, chaque quartier de Taxco et chaque communauté autour de la ville possède  une statue de Jésus, qu’elle apporte à pieds jusqu’au centre. Et puis des hommes et des femmes sont triés sur le volet pour représenter humainement le martyr de Jésus portant sa croix jusqu’au sommet du mont Golgotha , et surtout le don de Jésus à l’Humanité : don de son corps , de son sang, de son amour, de son âme. Les hommes et femmes qui participent à cette procession en ont fait un but dans leur vie. Tout donner à Jésus, être martyr comme lui, et aucun n’échoue.


Certains ont choisi la flagellation : ils marchent lentement, portant une croix aussi grande qu’eux, suivant le rythme du convoi. Lorsque celui-ci s’arrête, ils s’agenouillent, et à l’aide de leur fouet blanc, agrémenté d’épines et couvert de leur sang, ils se flagellent en silence et en rythme. Deux grosses plaies à vif ornent leur dos, comme une fierté. Insensibles à la douleur, concentrés dans leur foi, ils se frappent sans broncher.

Les femmes, vêtues de noir et les pieds nus, avancent aussi lentement, des chaînes accrochées aux chevilles, courbées en deux, leur visage à ras du sol, tellement bas que certaines font des malaises, leurs muscles sont contractés, atrophiés.


Et puis vient le tour des porteurs de fagots d’épines. Les bras en croix, amarrés à un fagot de branches vertes aux épines saillantes d’au moins 30 kilos, ils ne peuvent lever la tête, leur cou est cassé par le poids. De temps en temps, lorsque le convoi s’arrête, deux hommes soulèvent le fagot, pour leur permettre de respirer, et de détendre un peu leurs muscles et leur colonne vertébrale meurtris. A la fin de la procession, il leur faudra des heures pour retrouver l’usage de leurs bras et de leurs doigts, complètement occis.


Tous sont encapuchonnés, respirent mal et ne voient pas bien. La procession est censée durer 8 heures au moins. Un vrai supplice, même pour un fanatique. Les spectateurs silencieux et respectueux se serrent le long des murs pour laisser passer ces héros, certains ont installé des chaises sur leur toit pour les voir.


Malheureusement, ce moment de recueillement sera interrompu violemment vers 2 heures du matin. Une bagarre éclate, une épicerie est cambriolée, des coups de feu sont tirés par des policiers en civil, soi-disant pour calmer la foule, des chutes, des cris, des rumeurs de morts qui se propagent dans la ville comme une traînée de poudre enflammée ; on ne saura jamais vraiment le fin mot de l’histoire. Toujours est-il que les gens rentrent en pleurs chez eux. C’est ça aussi le Mexique, ça dérape souvent au pire moment.


Le lendemain, vendredi saint, on assistera à la crucifixion de Jésus. Ca se passe à l’église. Une procession plus petite part de la Cathédrale. Plus courte, certes, mais non moins difficile. A midi, le sol est brulant comme le sable blanc des plages de Huatulco. Impossible de rester les pieds au sol sans se les brûler sauvagement. Les gens chaussés s’écartent pour offrir l’ombre aux va-nu-pieds. Arrivés dans l’église, leur œuvre est accomplie. Les martyrs encapuchonnés se prosternent devant la Croix posée au sol. Certains porteurs craquent, et crient qu’on les libère de leurs souffrances, qu’on détache leur fardeau. Tous viendront s’agenouiller devant la croix, le seul sens de leur engagement.


Et puis les Romains arrivent, avec l’ordre écrit sur un parchemin de crucifier ce Jésus, à côté des deux brigands qui grillent déjà au soleil à deux mètres du sol. La Croix est montée, les gens se signent, j’étouffe dans cette église bondée.


Un dernier tour dans Taxco pour se remettre de nos émotions et puis on quitte les montagnes pour rejoindre la plage huatulquénienne.




A l’aéroport, Lodewijk et Will nous attendent. Wil qui est venu de Lyon, et qui a visité Mexico et le Chiapas avant de venir respirer le bon air du large. Stef et Vincent, cette semaine, opteront pour un petit hôtel sur la plage de Zipolite, Wil et Lodewijk feront un tour sur les plages et à la Ventanilla, et moi je reprendrai le chemin de l’école.




On fêtera les 30 ans de Wil comme il se doit, salsa, mezcal, et Corona jusqu’au bout de la nuit, devant les regards éberlués des mexicains, tant ébahis par la couleur de peau de Wil que par son style vestimentaire des plus sophistiqués si l’on compare avec leurs shorts en nylon (dont ils se servent aussi comme maillots de bain) et leurs tee shirts aux couleur flashies (welcome to the 80’s !).


Des vacances dépaysantes s’il en est, famille, amis, fanatisme et différences culturelles, ça fait beaucoup. Mais ça permet de se tenir au jus, de se souvenir comment c’est la France, et de se rendre compte qu’on habite loin, vraiment loin de notre pays …

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F
formidables ces nouvelles aventures!<br /> avec la petite soeur cette fois-ci et toujours autant de lectures passionnantes sur cet étonnant MEXIQUE
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