La Quinceañera

Publié le par kristel lodewijk

15 ans. Une étape des plus importantes dans la vie d’une mexicaine. Le quinzième anniversaire est traditionnellement fêté ici au Mexique comme le passage de l’enfance à l’âge adulte. Un rite initiatique, en quelque sorte, pour préparer la jeune fille à son mariage imminent.

 

Bon…  ça, c’est la théorie. Aujourd’hui les filles ne se marient plus à 15 ans avec des hommes choisis par leurs parents.  Néanmoins, on célèbre toujours la quinceañera avec application et respect des traditions.

 

Que ce jour soit le plus beau de sa vie, Zatzil Pamela le voulait, ses parents l’ont fait. Deux fêtes, deux ambiances. Le samedi soir, après la messe, les amis de la famille et de notre jeune fille au prénom de fleur maya se réunissent dans la salle des fêtes du centre de Oaxaca.

 

la-Quinceanera 1759

 

 

 

D’ambiance conviviale, point du tout, c’est plutôt guindé et les tenues vestimentaires oscillent entre le super kitch et le mégastrass, mais ça semble être le top de l’élégance pour ces familles aisées. Un groupe chante des chansons pop internationales, Lady Gaga sévit aussi au fin fond de la campagne oaxaquénienne.

 

 

 

 

  

Les tables rondes décorées et fleuris sont disposées de telle manière qu’elles laissent un espace pour danser au milieu. Un animateur commente les moindres faits et gestes des parents, dont il précise à chaque fois leur titre universitaire ou leur profession : « el arquitecto Marco Antonio y la licenciada Sonia !! » avec une voix de Monsieur Royal.

 

la-Quinceanera 1758

 

Mais où est la princesse de la soirée ? Elle se fait attendre, c’est parce qu’elle ménage son effet.  Soudain les lumières se tamisent, les voix se taisent, les yeux se tournent vers la scène où 5 damoiseaux en tenues de valets se sont placés avec grâce. Et Pamela surgit de la pénombre, un masque vénitien lui cachant le visage, des plumes dans les cheveux et une robe à faire pâlir d’envie la tête de Marie-Antoinette. Il ne serait pas déplacé de croire que tous ces jeunes gens vont se mettre à danser la valse… et non ! Sur un mix de musiques assez modernes, entre la disco, la danse et la soul, notre reine se trémousse, se fait porter, virevolte d’un garçon à l’autre, avec des moues copiées aux clips de Britney et des ondulations de bras shéerazadiennes. Les pas sont précis, des heures d’entrainements certainement, avec une prof de danse. Le spectacle se déroule sous l’œil malveillant des petites amies des garçons, qui doivent se dire que « ouais, la robe est pas mal, mais j’aime pas trop la couleur, et c’est vrai qu’elle aurait pu faire un p’tit effort de coiffure passqu’à faire autant de tours ses cheveux vont se déboucler, enfin elle aura pas mon mec, ça c’est sûr » …………………. Aaah les filles…

 

 la-Quinceanera 1769

 

Cette entrée en matière n’est que l’introduction d’une suite de spectacles de danses, dont la protagoniste est Pamela, qui terminent tous par l’explosion d’éclatants feux d’artifices, changement de tenue rapide entre chaque chorégraphie, un stress qui provoque une hystérie vite apaisée par la trombe d’applaudissement des spectateurs conquis.

 

la-Quinceanera 1801

 

Après un show plébiscité, on trinque. Tout le monde se lève pour boire un verre à la santé de Zatzil Pamela, de son père (l’architecte…), de sa mère (la licenciada), de son parrain (qui avait certainement une profession lui aussi, mais que je n’ai pas retenue malheureusement), et d’autres personnes.

 

 la-Quinceanera 1778

 

Et vient le moment solennel pour Pam de dire adieu à sa vie de petite fille et d’entrer dans sa vie de femme accomplie et responsable.

 la-Quinceanera 1771

  

Du haut de ses 15 ans et de ses 25 cm de talons, elle reçoit des mains d’une vraie petite fille sa dernière poupée, symbole de l’enfance qui s’en va. Puis des mains de son petit frère, un énorme bouquet de fleurs, cadeau de son arrivée dans le monde des adultes, le tout sous les yeux larmoyants de sa mère.

  

  

  

  

  

  

La remise des cadeaux durera 20 minutes au moins, et la question est de savoir : comment va-t-on transporter toutes ces choses ?

la-Quinceanera 1780

 

 

Le dîner se passe en écoutant le groupe jouer des airs mexicains et de rock, pour faire plaisir au papa. Et puis le grand moment arrive, après le dessert, c’est le bal ! Le groupe est congédié, et la musique « de djeuns » peut commencer, à fond les ballons.

 

 

 

 

 

 

la-Quinceanera 1837

Tous les adultes en devenir, et enfants en attente se rejoignent au milieu et, sur des airs de techno commerciale, dansent en rond, en ligne, en carré, au milieu, seuls ou à deux, bras levés, bouches ouvertes, les filles perchées sur leurs escarpins, les garçons engoncés dans leurs costumes, c’est un défilé de froufrous, de fleurs dans les cheveux, de robes satinées, de paillettes. C’est assez déstabilisant d’ailleurs de voir tous ces jeunes déguisés comme à la cour du Roi, se déhancher en toute innocence sur une chanson qui dit « t’as une grande bouche,  vas-y, amuse-toi »…  Pas si ingénue que ça, la quinceañera, je suis d’avis qu’elle a dit au revoir depuis très longtemps déjà  à ses poupées barbie et qu’elle n’a pas l’intention de se mettre tout de suite en quête du prince charmant avec qui elle se mariera et aura beaucoup d’enfants…

 

 

Ca s’appelle l’adolescence, cet âge compliqué…

 la-Quinceanera 1833

 

Le lendemain de cette fête, les gens étaient invités au recalentado, un autre repas, une autre fête, pour terminer l’alcool et les plats de la veille. Cette fois-ci, chez les parents. Le meilleur groupe de Oaxaca joue des airs mexicains.

 la-Quinceanera 1873

Plus familiale, l’ambiance est à la tradition. Zatzil Pamela, comme sa mère et la plupart des femmes invitées est habillée du célèbre huipil et de la jupe brodée, costume typique de la région de l’isthme.  Les gens dansent avec bonheur les pas traditionnels, la bière coule à flot tout l’après-midi, le mezcal vient réchauffer les gosiers.

 

la-Quinceanera 1825 la-Quinceanera 1829

Le clou du spectacle est la quema del torito, ce petit taureau en ferraille, support à des dizaines de pétards, que les personnes portent sur leur dos en dansant jusqu’à ce que tous les pétards aient explosé en trainées de lumière de toutes les couleurs.

                         la-Quinceanera 1855 la-Quinceanera 1870

                         la-Quinceanera 1871 la-Quinceanera 1872

 

Zatzil semble ravie de ces deux jours de fête si différents en son honneur, nous on est bien contents d’avoir été invités à une célébration si importante. Un souvenir impérissable pour elle comme pour nous…

 

la-Quinceanera 1851

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K
<br /> Tout à fait cher Docteur en chef!<br /> <br /> Je dirais même que le rite Leffrinckouckois passe par la fameuse galette que l'on pose sur la plage après quelques Trois Monts.<br /> Je crois que de ce point de vue nous avons tous brillament reussi notre entrée dans le monde adulte. Hihihi<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Pour reprendre l'idée de mon cher confrère Luis, je pense que l'on peut parler de phénomène d'acculturation, ce rite de passage. Fracture sociale et familiale entre les moeurs d'aujourd'hui et les<br /> traditions d'antan. La cesure est là mais elle a l'air d'etre accpetée par tous.<br /> <br /> Très cher confrère Luis, ou très chère Muriel, n'y aurait - il pas là un sujet interessant à travailler: recenser à travers différents pays et différentes cultures les rites de passages de<br /> l'enfance à l'age adulte les plus originaux, intéressants...<br /> <br /> Je pense qu'il y a matière, on pourrait commencer par le bassin leffrinckouckois et plus particulièrement la rue charcot. Il y a des sujets d'étude, ceux qui en sont sortis et ceux qui y sont<br /> encore....<br /> <br /> <br /> Bon à part ces conneries, je remarque que tia corona n'a rien laché, très bien, qu'elle continue comme ça, elle fait honneur aux pélicanos.<br /> <br /> Muchos besos y viva doctor Wagner !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Très agréable à lire cet article. Curieux cette Quinceañera qui passe le témoin entre l'enfance et la vie adulte comme entre tradition et culture de masse. Un syncrétisme bancal qui nous ferait<br /> presque nous demander si ce rite de passage ne serait pas devenu rite de déracinement?<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bien vu comme toujours!! Bien senti aussi ces bizarreries d'un monde de l'enfance que l'on quitte pour entrer dans un monde d'adultes lourdement infantilisés et déresponsabilisés jusqu'à<br /> l'outrance, au Mexique aussi je suppose, encore que...c'est à voir.<br /> En tout cas c'est beau à voir, je veux parler des couleurs, des sons et des mets peut-être...Ah Metzcal quand tu nous tiens...<br /> J'oubliais, c'est superbement écrit. Merci kri-kri, embrasse bien Luis que j'ai bien commu et que je compte retrouver bientôt. ( Je vous appelle après notre retour le 28/07)Bon repos avant le grand<br /> saut.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> tres belle ceremonie et toujours des commentaires qui nous renvoies au mexique .et le mezcal est de la sorti je vois que cela te faits sourire .mais facile car tu souries toujours .bisous a vous 2<br /> <br /> <br />
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