Vela Istmeña.
Istmeña ça veut dire “de l’isthme”. L’isthme c’est la bande de terre du Mexique qui est la plus fine entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Plus communément, c’est la région sud-est de l’état de Oaxaca, dont les villes principales, hauts lieux culturels zapotèques, sont Tehuantepec et Juchiltan.Et Vela ça signifie tout simplement nuit.
Vela Istmeña, c’est une fête traditionnelle de l’isthme qui dure toute la nuit.
Que vient faire une fête de l’isthme à Huatulco ? Pour reprendre les paroles d’un istmenien pur souche, la culture de l’isthme, contrairement aux autres, n’est pas une culture qui tend à disparaître avec la diminution de la population des villages. Au contraire, elle est tellement forte qu’elle suit le mouvement et se répand au rythme des migrations des gens. Alors comme à Huatulco, il y a une très forte communauté istmenienne, chaque année on organise une Vela, pour que perdurent les traditions. Et nous aussi, on y a participé le week end dernier. Coiffure, robes, tout y était.
Tout d’abord il y a eu la préparation : on ne rentre pas dans une fête de l’isthme sans la robe traditionnelle de l’isthme et la coiffure. La belle-soeur d’une des prof de la fac s’y est collée (la pauvre, 10 heures debout à coiffer toutes les femmes du quartier !!!). Deux tresses bien serrées et enrubannées remontées sur la tête.
Sans la jupe c’est vrai que l’effet est assez médiocre.
Dernière étape la jupe, et son jupon, qui doivent peser dans les 6 kilos, en velour brodé à la main (un an de travail pour chaque robe) et les bijoux en or loués avec la tenue (plus c’est gros, mieux c’est). Les hommes, eux, ont un costume beaucoup plus simple (reflet de la société matriarcale de cette région) : pantalon noir, et goyabera, une chemisette blanche.Voila le résultat : (il manque plus qu’à peaufiner son bronzage... !)
Arrivé à la fête,
chaque homme doit acheter
un carton de Coronitas
(les petites bouteilles de Corona)
et en échange on leur offre un chapeau
et un bandana rouge
à mettre autour du coup.
Si tous les hommes sont plus ou moins habillés pareil, en revanche chaque robe est différente, et faite sur mesure pour chaque grande occasion de la vie des femmes.
Une fois sur place, le groupe joue toute la nuit les grands titres de cumbia, merengue, salsa, et tout le monde danse... enfin au début tout le monde danse, et vers le milieu de la nuit on sent bien que les hommes commencent à préférer leur bière (offerte sans compter par les « padrinos de cerveza ») à la piste de bal. Alors les femmes dansent entre elles.
A un moment, les organisateurs de la soirée, los mayordomos, défilent ainsi que toutes les femmes. Magnifique.
Et puis vers 5 heures du matin, gavés de bière et de musique, les gens rentrent chez eux petit à petit, le groupe range ses instruments, et nous il faudra nous dire que c’est fini pour qu’on se décide à quitter les lieux, les yeux encore remplis de couleurs, et les oreilles de musique...
