Françoise et Christian au Mexique

Publié le par kristel lodewijk

 

 

 

 

Quelque part entre les vacances au soleil et le voyage initiatique, voila les Michoux qui débarquent à Huatulco, sous les palmes des toits de l’aéroport, perdu au beau milieu de la forêt. Une première image qui donnera le ton du séjour.

 

 

 

 

3 semaines c’est court, mais ça donne tout de même le temps de faire pas mal de choses. Entre autres, ne rien faire, justement, sur les nombreuses plages des Bahias de Huatulco : Conejos, Arrocito, Bocana, Boca Vieja, Entrega, Santa Cruz, Violin, ont accueilli les parents sur leur sable blanc ou noir, à grand coups de Corona bien fraîche et de poissons grillés savoureux.

 

Et puis quand j’ai eu un looong week end de 4 jours, on est partis tous les 4 à Oaxaca, pour célébrer la Fête des Morts.

 

Cette coutume remonte au temps des civilisation précolombiennes, comme on dit, et faisait partie d’un culte aux morts né de la croyance que les esprits des défunts venaient visiter le monde des vivants chaque année.

 

Pour les Aztèques, les fêtes se déroulaient sur plusieurs jours pendant le mois de Novembre. Quand sont arrivés les espagnols, ils n’ont vu aucun inconvénient à laisser ces fêtes qui correspondaient, par un heureux hasard, à la Toussaints catholique du Premier Novembre. Aujourd’hui donc, El Dìa de los Santos et El Dìa de los muertos sont le résultat d’un mariage heureux entre les croyances aztèques et la religion catholique.

 

 

 

De l’époque antique on a conservé les pan de yema (ce petit pain rond un peu brioché que l’on offre pendant cette fête), les calaveras, ces petits crânes en sucre, et les squelettes, représentant la Mort, qui décorent les villes, les maisons, les magasins, et qui sont souvent mis en scène dans des situations comiques.

 

 

 

 

Les autels poussent un peu partout dans la ville, se couvrent d’offrandes aux morts, et se coiffent d’un arc, fait de fleurs orange, la fleur des Morts, et qui représente la porte qui mène aux cieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toute la ville de Oaxaca est orange et violette, le Zocalo est rempli d’autels et d’altares (ces dessins ou sculptures qui décorent les pierres tombales). Certaines familles confondent un peu cette fête traditionnelle avec celle, moins exotique et plus « nord-américaine » d’Halloween. Quelques enfants déguisés viennent mendier des sous aux güeros (ceux qui ont la peau blanche). Aucune chance avec nous …

 

Le soir du 31 octobre, c’est la nuit de la veillée des morts. Les familles vont au cimetière avec de la nourriture, et des couvertures bien chaudes parce que les esprits de leurs morts vont descendre cette nuit sur la terre et rester jusqu’à minuit. Nous, on va au village de Xoxocotlan assister à cette veillée. Le cimetière est féerique. Les tombes sont décorées de fleurs, d’autels et de nourriture. Les membres de la famille se serrent les uns contre les autres autour du caveau familial, les mariachis déambulent entre les tombes pour proposer leurs services, quelques chansons d’amour un peu mièvres qui serreront les cœurs. Certains ont même ramené leur télé portable, persuadés sans doute que le défunt qu’ils attendent sera ravi de connaître le score du dernier match de foot. Le premier soir ce sont les adultes qui redescendent sur terre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le second jour, la nuit du premier novembre, ce sont les enfants de moins de 18 ans et les adultes qui sont décédés sans avoir eu le temps de se marier. Ceux qui sont morts il y a moins d’un mois ne redescendent pas parce qu’ils n’ont pas eu le temps de demander la permission à Dieu.

Dans cette ambiance de festivité tranquille et sereine, ça fait un peu mal au cœur de voir que quelques tombes n’ont personne pour les entourer et pas une fleur pour les décorer. Mais en règle générale, l’atmosphère est chaleureuse, et certains en profitent même pour se taper la cuite de l’année, mezcal et tequila coulent à flot, les gens dansent et rient, des attitudes qui froisseraient notre réserve occidentale face à la mort. L’attitude mexicaine me paraît plus chaleureuse que la notre. Après tout, la mort n’est que le début de la vie aux cieux après le passage sur la terre…

 

 

Le lendemain à Oaxaca, visite obligée des marchés Benito Juarez et 20 de Noviembre, où les oignons cohabitent avec les bijoux faits en noix de coco, les poteries en céramique noire partagent le stand avec les robes brodées style oaxaquénien. Les parents sont émerveillés, tous les sens en éveil, devant cette multitude de couleurs, de saveurs et d'odeurs. Un passage rapide, pour préserver l'estomac fragilisé de Françoise, dans la rue du marché dédiée aux viandes grillées, histoire d'admirer la dextérité avec laquelle la jeune bouchère étend ses morceaux de viande comme si elle faisait sécher des torchons.

 

 

Le soir, c'est la comparsa, le défilé dans les rues de personnes déguisés en costumes aztèques, mixtèques, zapotèques, que sais-je, et qui effectuent les danses traditionnelles, accompagnés d'autres personnes portant des masques de monstres ou de squelettes.

 

   

 

Une foule les suit, nous aussi, et puis on file fêter les morts à notre manière dans notre bar préféré de Oaxaca: La Casa del Mezcal. Entre une fresque murale qui raconte toute l'histoire du Mexique, une Amalia nymphomane qui drague Lodewijk en laissant traîner sa main au niveau de l'entrejambe de son petit-ami, une musique si forte qu'il faut littéralement crier pour s'entendre, on goûte les différents mezcals: celui avec un ver au fond, celui un peu vieilli, celui avec une herbe, celui qui vieillit dans un poulailler (j’ai oublié tous les noms...) On ressort de là avec le besoin primaire mais bien compréhensible de manger pour éponger...

 

 

Le dimanche c’est le jour… et non, pas de mariage à Bamako mais de marché à Tlacolula. On évite comme toujours les tours à 350 pesos et on prend un bus à 10 pesos pour aller dans ce joli petit village à une heure de la ville. Le temps de faire quelques photos de la gare des bus de Oaxaca et le chauffeur nous appelle pour partir. Imaginez un perroquet qui crierait très fort à chaque arrêt « MItla MItla TlacoLUla !!! », ajoutez un CD de cumbia (la musique de la costa) qui hurlerait des chansons d’amour et vous aurez une idée de ce que fut notre trajet en car (en fait de tous les trajets en cars ici, du moment qu’on ne prenne pas les bus de première classe). Arrivés à Tlacolula, achats de hamac, tapis, nappe et autres produits d’artisanat faits dans le village et moins chers qu’ailleurs, un bon repas et c’est reparti vers « OaXAca OaXAca !!! »

 

Le lundi c’est le jour tant attendu par Christian de la visite de Monte Alban, les ruines zapotèques réutilisées par les Aztèques dont j’ai déjà parlé. 4 heures de marche dans ce site très beau, encore bien vert malgré l’arrêt des pluies depuis un mois. Les photos parlent d’elles-mêmes. Au passage Christian ramène deux statues achetées à señor Felipe Gonzalez, les deux parents jouent à cache-cache dans les ruines et dans les cactus, bref une superbe journée ensoleillée.

 

De retour à Huatulco le mardi, rebelotte, les plages, la chaleur, le soleil qui brûle très fort, les restos, les tacos, la petite tequila du soir…

 

Le dernier week end de leur séjour, on décide de partir à Tehuantepec, une ville située à environ 120 km de Huatulco (soit 4 heures de bus, et oui). J’ai choisi cette ville parce que c’est le cœur de la culture zapotèque, très traditionnelle, peu touristique et que ça faisait longtemps que j’avais envie d’y aller.

 

 

 

Là-bas les femmes portent le costume traditionnel, ce sont elles qui s’occupent des stands du marché où elle ne parlent entre elles que le zapotèque. Christian très moreno (la peau très brune) avec 2 güeras (des blanches) aux yeux bleus, ça fait sensation dans cette petite ville qui n’est pas habituée aux touristes. Les gens nous regardent avec curiosité, les vieux lèvent leurs chapeau en direction de Christian avec une sorte de respect qui pourrait venir du fait que (cette explication n’engage que moi…) dans ce pays où la peau brune étant la plus dépréciée, il serait un modèle de réussite sociale puisqu’il arrive à se promener avec 2 gringas, dont, d’ailleurs, on ne voit pas très bien le lien de parenté puisque Françoise, trop mince, ne peut pas être ma mère. Christian futur maire de Tehuantepec ? Il a ses chances, franchement…

 

 

La dernière semaine passera rapidement. Les parents se paient deux jours en amoureux dans sur la plage nudiste de Zipolite, dans une petite cabane en bois et en palme, vue extraordinaire sur l’océan. Ils raconteront mieux que moi, certainement… Et puis c’est déjà l’heure des au revoir, un peu difficiles après trois semaines plutôt intenses. Mais comme dirait Christian, philosophe contemporain, partir c’est pour mieux revenir…

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F
" POSADA FRANCESCA " la primera posada franco-mexicana !!!!<br /> Para toda la familia y todos los amigos...ils sont nombreux, ça pourrait marcher. On va y penser Luis !
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L
Tres agreable et instructif ce petit reportage en image. On constate au passage une nette amelioration de la qualite des photos.<br /> Je crois que Francoise et Chritian - nouveaux ambasadeurs du Mexique - vont faire grimper en fleche les chiffres du Tourisme sur Huatulco. C'est le moment d'ouvrir une Posada!!<br /> LUIS
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M
nous attendons avec impatience le passage de Françoise et Christian à Pornic pour partager avec eux , au travers des photos, ce magnifique voyage dont ils nous parle avec chaleur , gourmandise et émotionS.Ton "reportage" nous confirme que ce voyage a été un moment magique, sans nul doute
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F
Nous ne dévoilerons certes pas tout, mais ce que nous pouvons assurer, c'est que ce séjour fut particulièrement enrichissant et tout simplement magnifique.<br /> Et je n'étonnerai persone en disant que nous sommes prêts à repartir.<br /> N'hésitez pas les uns les autres à faire de même !!!!!
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A
Toujours aussi pédagogiques ces informations.Bourrées de petits détails qui nous rendent le message quasi visuel. la fête des Morts fait réfléchir à nos propres rites et à cette longue tristesse des jours trop courts d'automne qui consacrent leur souvenir dans nos sociétés occidentales. Nous avons raté quelque chose. On retrouve là-bas comme partout ailleurs cette récup' des rites païens par la religion d'état. C'est vrai que le mélange s'est harmonisé au fil du temps. OIn leur envie quand même cette chaleur ,ces émotions avec ou sans metzcal qui doivent être un vrai lien social. Quand je pense au mal qu'on se donne par ici pour en créer artificiellement ! pauvres gringos! <br /> merci Kristel.
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