Le Chiapas en février

Publié le par kristel lodewijk


Du 25 février au 2 mars

Une semaine dans les Chiapas, en voila des choses a raconter… En attendant de recevoir mon permis de travail, nous nous retrouvons avec une bonne semaine de vacances forcées. Direction l’état voisin du notre : le Chiapas. Nous prenons un bus un samedi soir, en choisissant de nous arrêter á la capitale de l’état : Tuxtla Gutierrez.


Pas trop le temps de visiter cette énorme ville, pleine de boulevards, de voitures, et de bâtiments assez modernes sous une chaleur écrasante. On a entendu parler d’un canyon et d’un parc écologique que nous voulons visiter. Quelques bus et autres "collectivos" plus tard, on arrive au très joli village de Chiapa de Corzo oú nous prenons une "lancha", une barque a moteur, qui nous mène dans un canyon gigantesque : el cañon del Sumidero.


Pendant la traversée, on croise deux crocodiles qui se prélassent à l’ombre, sur les berges. A l’endroit le plus haut du cañon (environ 1000 m de dénivelé), le guide nous explique que c’est d’ici que se sont jetés tous les habitants de l’ethnie Chiapa, plutôt que se soumettre aux espagnols, lors de la conquête. Ce canyon, pour les chiapanescos, plus qu’une merveille de la nature, est un vrai symbole culturel.

 


Apres 30 minutes de trajet, la lancha nous débarque au parc écologique. Ici, dans une forêt tropicale dense, un petit parc de protection des espèces animales et végétales est aménagé. Nous y verrons des singes araignées, un perroquet et un ara peu farouches, deux jaguars, un puma, et d'autres oiseaux, des bananiers, fougères, cactus, et fleurs tropicales dont les noms, malheureusement, m’échappent. A la fin de la promenade, on ne peut pas s’empêcher avec Lodewijk, de louer un kayak et d’affronter le courant assez fort du Rio Grivalja, pour le simple plaisir d’essayer de surprendre un crocodile peureux en train de faire sa sieste au soleil.


       


Nous partons ensuite a San Cristobal de las Casas, qui, en 1994, était le siège de l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional, lors des mouvements révolutionnaires qui ont secoué l'état. C’est une très belle ville de style colonial, colorée et animée.



D’ici, on part avec quelques autres touristes étrangers a Chamula, dans une communauté tzotzil, descendants des mayas, qui préservent leur culture, leur langue, leur mode de vie. Le guide nous explique que la vie de ce village est entièrement basée sur le partage. Les revenus perçus par le tourisme sont reversés pour entretenir les bâtiments ou les routes. L’argent que reçoit le chef du village sert à organiser les fêtes religieuses, fêtes considérées comme « hérétiques » à l’époque de la conquête. Aujourd’hui la tradition perdure et l’église initialement catholique du village accueille les sacrifices de poulets, et les prières adressées aux nombreux saints qui protegent la communauté. Notre visite, tout agréable soit-elle, nous laisse cependant un goût amer dans la bouche, puisqu’elle s’apparente plus a la visite d’un zoo, qu’a une rencontre d’égal a égal. La dernière étape de la visite est un déjeuner dans une famille « traditionnelle » tzotzil, habituée á accueillir dans son foyer les cars de touristes. Nous décidons de ne pas participer à cette rencontre peu spontanée, préférant les relations basées sur autre chose que le commerce.

Apres deux jours a San Cristobal de las Casas, on décide de partir vers le sud de l’état, parce que nos gambettes nous démangent, et qu’on a bien envie de grimper sur le plus haut volcan du Chiapas, a la frontière guatémaltèque : le volcan Tacana. On passe la nuit dans la très dynamique ville de Tapachula et jeudi matin, nous voila partis, sacs sur le dos, vers le volcan. On prend des "colectivos", des minibus bourrés a craquer, qui nous conduisent de village en village jusqu'au pied du volcan. Nous achetons quelques provisions (de quoi manger frugalement pendant 3 jours), certains que nous allons trouver sur la montagne des "posadas", petites auberges qui offrent le lit et le couvert. En tout cas, c'est bien indique sur la carte.
 


 

Bref, nous voila partis, sous une chaleur très moite, à gravir la montagne. Ce volcan étant situe exactement entre le Guatemala et le Mexique, il est coupe en deux par la frontière. A gauche c'est le Mexique. Nous choisissons la route de droite, direction le Guatemala. En bas, c'est la jungle tropicale qui domine, des bananiers, palmiers, fougères géants, des chemins de terre grasse, des daturas, fleurs de toutes les couleurs. C'est magnifique. Nous rencontrons en chemin un petit guatémaltèque fort sympathique qui nous accompagne jusqu'á un carrefour. Il rentre chez lui, nous continuons notre ascension. Et lá, le paysage change, l'humidité se fait un peu moins dense, la chaleur aussi, et la végétation devient plus tempérée. Le temps d'une petite pause sieste et on se fait surprendre par une averse de grêle qui durera une heure. Nous monterons donc la tente dans une grange, en nous entourant de paille pour nous protéger de l'humidité.
 
Le lendemain, grand soleil, on part tôt, et on traverse des forets assez denses de feuillus. Ca grimpe bien, mais les genoux tiennent le coup. On sort ensuite de la foret tempérée pour entrer dans une foret de pins. La température chute, c'est vraiment la haute montagne. Apres 8 heures d'ascension, on arrive a une sorte de plateforme aride, entourée de rochers, envahie par la brume, qui nous apprend deux choses: nous sommes revenus a la frontière, et nous sommes quasiment arrives au sommet. La brume très dense nous empêche de voir en bas. Nous remettons au lendemain la grimpette des derniers mètres qui nous séparent du point culminant des Chiapas: 4100 mètres. Nous dormons dans un froid de canard, et le lendemain nous assistons au lever du soleil depuis le sommet extrême du volcan Tacana. Un spectacle émouvant á la hauteur des efforts fournis. 
 
 

Et c'est parti pour ce que nous croyons être notre dernière journée sur le volcan. Nous redescendons par le coté mexicain, avec pour toute nourriture, deux knaki, une demi boite de conserve de haricots noirs, et 4 tranches de pain. (Nous espérons toujours rencontrer les fameuses auberges)
 
Au début c'est facile, ca descend raide mais le chemin est bien balisé, il fait beau. Nous n'avions pas compté sur le brouillard du a l'évaporation de l'humidité de la jungle tropicale en bas, et qui se lève tous les jours vers 10h. En quelques minutes, on se retrouve complètement entourés de blanc, on ne voit plus rien a 10 mètres, et évidemment, on perd le chemin. 3 heures á chercher notre route, tenter sans succès de revenir sur nos pas, monter descendre, et se dire qu'il va falloir économiser la nourriture...Par miracle nous retombons sur une prairie que nous connaissons, parvenons a retrouver le chemin du matin. Mais il est trop tard pour recommencer á descendre. Il faut donc revenir sur nos pas, c’est á dire remonter jusqu’au sommet (1000 mètres plus haut!) sans boire et sans manger. Nous reprendrons la voie guatémalteque, celle que nous connaissons, pour rentrer au village. En chemin, nous filtrons de l'eau d'une mare a vache. Nous arrivons le soir á une cabane oú nous nous étions arretés la veille. Nous y passons la nuit, abrités du vent et de la rosée matinale.

Le lendemain, bien fatigués, et surtout affames on repart et on descend en 4 ou 5 heures. Un trio de fumeurs de joints nous offre une mangue, une banane, et un "tamal", morceaux de poulets entourés de pate de maïs le tout enrobé d'une fauille de bananier...  ô délice...
 



Nous arrivons en bas, les jambes rompues et le sourire aux lèvres. C'est le retour á la civilisation, un peu difficile, avant de rentrer á Huatulco.



Kristel Michoux, Lodewijk Allaert
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