breve histoire de Huatulco

Publié le par kristel lodewijk

Huatulco, le 17 avril 2008

 

Nous vivons à Huatulco depuis deux mois maintenant. Le temps de comprendre d'où vient cette ville, comment fonctionne cette zone de l'état d'Oaxaca.

 

Bahías de Huatulco est le nom donné aux neuf baies qui s'étalent sur environ 40 kilomètres le long du Pacifique. Dans chaque baie, une ou plusieurs plages, chacune a sa particularité. Il suffit de regarder les photos du blog pour voir que toutes sont différentes: certaines pour plonger, d'autres pour surfer, d'autres encore pour se baigner ou manger du poisson grillé; la plupart sont désertes, ou peu fréquentées même pendant la « temporada alta », la saison haute (Pâques ou Noël). Deux rios entourent ces baies, comme des frontières naturelles, délimitant ce paradis terrestre. La plupart de la zone est décrétée parc national, la faune et la flore sont protégées, les plages sont vierges.

 

Un rêve, me diriez-vous... Pas si sûr. Une telle richesse naturelle n'est pas sans attirer les promoteurs aux bras longs et aux dents acérées. Pour le Mexique, un seul nom: FONATUR. El « Fundo Nacional de Fomento al Turismo », autrement dit un groupe privé qui, dans ce pays des monopoles,  gère tout ce qui touche de près ou de loin au développement touristique. Hôtels, employés, routes, habitations, espaces verts, transports, excursions, évènements culturels, maintenance des appartements... ils sont physiquement présents partout dans les baies. Une statue du logo du groupe souhaite la bienvenue aux visiteurs sur la route principale qui mène au village. Les affiches publicitaires annoncent explicitement leur objectif: investir plus pour construire plus.

 

Aux environs de 1990: le gouvernement décide que les baies de Huatulco ont mangé leur pain blanc et qu'il est temps qu'elles accueillent touristes et investisseurs. Fonatur gère. En quelques mois les quelques familles de pêcheurs qui vivent dans la Baie de Tangolunda depuis toujours sont priées de déménager à 15 kilomètres de la côte, à Santa Maria de Huatulco. A la place des cabanes, s'élèvent des hôtels de luxe. Les plages n’accueillent plus pélicans et aigrettes mais de nouveaux occupants: les complexes 5 étoiles. Pour les futurs touristes, il faut aussi pouvoir proposer des distractions autres que la seule plage et les sports aquatiques. Pas de problème pour Fonatur: un village d'architecture « traditionnelle » sort de terre : La Crucecita. Petite station balnéaire, elle propose tout ce dont un vacancier peut rêver : des magasins de souvenirs, des bars, restos de tous types, des cours de salsa, épiceries de plats régionaux, le tout joliment agencé. Quelques « posadas » s'installent dans le centre-ville. Partout on entend que « ça va se développer! », comme á Cancun ou á Acapulco.

 

Et aujourd'hui? Certains pêcheurs, revenus vers la côte, se sont reconvertis en organisateurs d'excursions: kayaks, rafting, bateau à voile, à moteur, équitation etc... La clientèle huatulquénienne se compose essentiellement de touristes canadiens de 50 ans et plus, et d'américains. Le boom attendu n'a pas encore eu lieu, l'endroit reste tranquille sauf lors des quelques semaines de congés annuels, quand les mexicains, en toute légitimité, se ruent sur leurs plages. Mise à part la Baie de Tangolunda, le site est plus ou moins protégé et les plages restent vierges de toute construction. Pas pour très longtemps à en croire les nouvelles. Le groupe hôtelier Gala a acheté la baie voisine de Tangolunda, Conejos, et l'histoire va se répéter. Pire encore, la rumeur dit que « Big Brother » Fonatur a le lugubre projet de réduire le parc national, afin d'implanter d'autres complexes touristiques et un golf sur les plus belles plages. Les milliards de poissons, les tortues, les pélicans et autres spatules blanches (j'en passe...) n'ont qu'à faire leurs valises et poser leurs pénates ailleurs, l'argent n'a pas de valeur... de respect, on s'entend.

 

Apparemment, il n'y a pas à La Crucecita d'association de défense de l'environnement. Mais je continue de chercher, et j'ai déjà repéré le bureau de la directrice du parc national... Pour ne pas cautionner, même si ça ne sert à rien...

Kristel Michoux

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