La semaine Sainte dans l'Etat d'Oaxaca
Salut tout le monde,
encore des photos pour illustrer ces quelques mots. Comme vous le savez, cette semaine était la fameuse Semana Santa, 10 jours fériés pendant lesquels les mexicains qui ont les moyens se ruent vers les plages, et ceux qui ne les ont pas restent chez eux et expriment leur dévotion à travers diverses manifestations.
Huatulco étant littéralement envahie pendant cette semaine, nous avons décidé de céder notre place sur les plages paradisiaques et d'aller voir ce qui se passe ailleurs.
Nous voilà donc partis dimanche matin, dans un suburban, un minibus moderne et maniable, ce qui est très utile quand on doit traverser la Sierra, rouler pendant trois heures dans des lacets à fleur de falaise, ou passer par des chemins non goudronnés, traversés par des ruisseaux. On dirait comme ça mais en fait je n'ai pss ouvert un oeil pendant tout le voyage, trop occupée à essayer de conserver mon petit dej, qui finira de toute manière dans le sac plastique prévu à cet effet.
On arrive donc à San José del Pacifico, fief des champignons hallucinogènes. En fait c'est un village de chamans, qui utilisent les plantes et champignons que propose la forêt tempérée du coin. Le deuxième effet San José, c'est que ses principaux visiteurs étrangers sont des européens qui confondent « harmonie avec la nature » avec « défonse entre potes ». Nous ne nous mélangeons pas.
Pour le moment, ce qui nous intéresse c'est la petite arène, près de l'église, où va se dérouler le traditionnel combat de coqs. Que de préparatifs! Pesée, mise en place de la lame coupante au pied de chaque coq, ébourriffage de plumes, énervement préalable de l'animal, pour enfin laisser combattre les deux males agacés. Résultat, en moins d'une minute l'un des deux est déjà mort, et il faut tout recommencer. Mon estomac fragilisé ne supportera pas plus de 2 combats. Mais l'ambiance générale est conviviale, le chanteur traditionnel perd son sens artistique au fil des bieres, je le referais avec plaisir.
Le soir, nous cherchons un endroit pour la tente. ¾ d'heure de marche dans la montagne, et nous arrivons au sommet. La nuit sera fraîche mais ça fait du bien!
Le soir, c'est le bal populaire. Pas questin de manquer ça. Entre deux démonstrations de feux d'artifice, nous apprenons vite les pas des danses folkloriques. Après deux ans de bals hongrois, c'est facile! Quelques heures plus tard, on parvient à retrouver notre tente, un peu étourdis de cette journée... Le mezcal ayant un curieux effet sur notre centre de gravité, qu'il ramène inexorablement vers le sol...
Le lendemain, direction Oaxaca, capitale de l'Etat, et aussi centre culturel et d'artisanat très important. En plus on arrive pour la journée nationale de l'Artisanat! Des tissus tissés à la laine de mouton de toutes les couleurs, des sculptures en bois peintes, des poteries noires et en argile, des bijoux... Les rues sont pleines d'artisans! Si on s'écoutait on acheterait tout! On visite la ville pendant deux jours. C'est une très belle ville coloniale, un peu impersonnelle dans l'hypercentre, mais tellement animée dès qu'on s'éloigne un peu. Les marchés couverts de Benito Juarez et du 20 de Noviembre nous surpennent de leur hyperactivité. On trouve de tout, à boire, à manger, de quoi s'habiller, se chausser, décorer sa maison... On se laisse convaincre par une petite vieille assise à la sortie de gouter des... sauterelles grillées!! Spécialité de la région, mes élèves me les ont recommandées. On ferme les yeux et on croque. Le goût laisse un peu à désirer. On apprendra le soir même par une restauratrice honnête que la saison des sauterelles commence en... mai! Celles qu'on a mangées datent donc de près d'un an!!
A l'occasion d'une pause café dans un patio du centre ville, je rencontre un membre du parti socialiste révolutionnaire, qui tient sa boutique. Je me mets à discuter avec lui, et j'apprend que les mouvements de contestations au Mexique sont très importants. On connait les Zapatistes aux Chiapas, mais il y en a plein d'autres, qui luttent contre l'hégémonie américaine sur leur pays et l'ultralibéralisme de leur président qui privatise tout et qui creuse le fossé entre riches et pauvres. En 2006, il y a eu à Oaxaca le siège de la ville pendant des mois et des affrontements entre la police et les révolutionnaires! Le plus grand évenement depuis la Révolution mexicaine! Je ressors de là la tête pleine d'informations, et en poche, deux revues marxistes. Je vais potasser ça.
Le mercredi nous décidons de partir pour un petit village à 60 km de là, Cuajimoloyas. C'est un village communautaire qui pratique l'écotourisme, comme beaucoup au Mexique. Ils misent toute leur économie et leur développement sur le tourisme. Mais ils gèrent tout de A à Z. Du coup, quand on arrive, on est assaillis par des guides qui nous proposent plein de choses, et il faut tout payer à l'avance. L'argent est reversé à la communauté pour des travaux de développement du village: routes, batiments. Le principe est bon, mais on regrette que l'argent prenne trop de place dans les rapports humains. Au Mexique, on est et on restera toujours des « gringos », des touristes blancs qui ont de l'argent à cracher. On choisit donc un tour en VTT dans la montagne. Notre petit guide est un enfant du pays, il a la forme! Moi j'avoue que j'ai un peu de mal à suivre les deux garçons, mais quels paysages!!! C'était magnifique!
Deux jours à Cuajimoloyas, on campe encore dans la montagne, on fait un petit feu. C'est bon de pouvoir faire ça quand on veut.
Et puis c'est déjà samedi, il est temps de rentrer à Huatulco, passer 8 heures dans un bus climatisé, emmitouflés dans nos polaires, pour sortir dans une nuit à 25 degrés. On a retrouvé notre petit appart, et mardi c'est la rentrée, la vraie!
Kristel Michoux, Lodewijk Allaert