L'Arenoso

Publié le par kristel lodewijk



Il y a la belle route fédérale qui mène à la UMAR, Universidad del Mar, depuis la Crucecita.

Et puis, sur le côté droit, juste avant le pont, il y a ce chemin de sable, qui s’enfonce dans la végétation en descendant à pic. Quand on l’emprunte, on dirait un peu le lit d’une rivière disparue, des filets d’eau des dernières pluies trace des sillons lumineux.

Le vaillant combi se sent bien sur ce terrain un peu accidenté. De chaque côté du sentier, la forêt, et de temps en temps, une cabane en tôles et en bois. Des gens vivent là, tellement proches de cette route fédérale et à la fois tellement isolés. Le lieu s’appelle l’Arenoso (le sablonneux).




Au bout du chemin, un puits, des poulets effrayés qui courent dans tous les sens, des petites filles qui vont prévenir leur mère qui s’active dans la cabane en haut de la butte. C’est ici qu’on vient manger quand on veut faire le plein d’affection et de chaleur humaine.




La spécialité de la casa, le poisson, bien sûr, que la Doña Lupe prépare comme on le souhaite : grillé, aux herbes, à la talla (sauce au chili). Cette petite femme régale tous les amis de son ami Lalo (un étudiant de la Umar), pour une poignée de pesos, et offre les jarres d’eau parfumées aux fruits, les tortillas, les frijoles et le café. Son mari promène sa bedaine joviale au milieu des tables, ne crache jamais sur un mezcal de fin de repas, et écoute nos conversations en se marrant en coin. Pour ma copine chinoise Tao, qui a du mal à monter la butte avec ses chaussures à talons et à paillettes, il a taillé quelques petites marches.




On vient là, à l’heure de la pause déjeuner, et le rituel commence : embrassades, comment ça va depuis le temps (une semaine maxi), combien vous serez aujourd’hui, qu’est-ce que vous avez aujourd’hui Doña Lupe, asseyez-vous, les filles apportent l’eau (et parfois même une grosse assiette de crevettes offerte par la maison, pour patienter…)



La dernière fois qu’on y est allés, c’était pour dire au revoir à la famille avant nos départs respectifs : les profs dans leurs pays natals, les étudiants dans leurs familles ou dans les villes où ils feront leurs stages cet été.




On a bien mangé, pris plein de photos, et le mezcal a coulé à flot, parce que personne ne retournait à la fac après. Cheque a sorti sa guitare, et a chanté des chansons populaires mexicaines, chansons d’amours, chansons mélancoliques, nostalgiques d’un bonheur passé… L’alcool, le goût amer d’une période agréable qui s’achève, l’amitié, tout cela aidant, on avait un peu la larme à l’œil à la fin (surtout moi, oui j’avoue).




En partant on a pris les rendez-vous pour le retour : je dois aller un samedi d'août à l’Arenoso pour apprendre avec Doña Lupe à cuisiner le poisson à la talla, et pour offrir à son mari une bouteille d’alcool typique de mon pueblo.

Manger et boire, quelle manière merveilleuse et tellement simple de créer des liens forts entre des gens si différents. Un peu de musique pour couronner le tout et c’est la pura vida, comme ils disent ici, presque sans s’en rendre compte…

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A
Belle fin Kristel.Je ne sais si le metzcal y est pour quelque chose mais l'écriture coule tout pareil en tous cas !!<br /> On a envie de te rejoindre sur le sentier de sable où s'épuise une rigole ce jour de fin août et découvrir la cabane de la petite dame qui sait si bien cuisiner le poisson. Puis repus écouter ravis la voix de Cheque qui se fait fado...Ah! encore d'autres recettes de pure vida !
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E
on se lasse pas de visiter ce pays avec tes mots a toi et ton humour.tres contente te t avoir vue a la rochelle bisous
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